Lumière nocturne : attention à votre cœur

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Une vaste étude parue le 23 octobre 2025 dans JAMA Network Open a suivi 88 905 adultes pendant 9,5 ans. Résultat : plus la nuit est lumineuse, plus le risque cardiovasculaire augmente (coronaropathie, infarctus, insuffisance cardiaque, fibrillation atriale, AVC), indépendamment de l’âge, de l’activité physique, du tabac, de l’alcool, de l’alimentation, du sommeil, du statut socio-économique et même du risque génétique. Bonne nouvelle : quelques gestes simples permettent de retrouver des nuits réellement sombres… et de protéger ton cœur.

L’essentiel à retenir

  • Nuits lumineuses = risques plus élevés. Les personnes exposées aux nuits les plus lumineuses (top 10 %) ont un risque accru de :
    • Insuffisance cardiaque (+45 %),
    • Infarctus (+42 %),
    • Fibrillation atriale (+28 %),
    • Coronaropathie (+23 %),
    • AVC (+28 %).
  • Effet dose. Le risque augmente progressivement dès que la nuit s’éclaircit.
  • Femmes et plus jeunes : vigilance. L’effet “nuit lumineuse” est plus marqué chez les femmes (insuffisance cardiaque, coronaropathie) et chez les plus jeunes du groupe (insuffisance cardiaque, fibrillation).
  • La journée compte aussi. Beaucoup de lumière le jour semble protecteur (surtout pour l’insuffisance cardiaque et l’AVC), en partie via l’activité physique.

Ce que montre l’étude

Les participants portaient une montre capteur de lumière pendant une semaine. Les chercheurs ont classé l’exposition de nuit (00h30–06h00) et de jour (07h30–20h30) en 4 niveaux (du plus sombre au plus lumineux), puis ont croisé ces données avec les diagnostics médicaux sur 9,5 ans.

Même après ajustement pour la majorité des facteurs de risque connus (habitudes de vie, IMC, cholestérol, diabète, hypertension, durée/efficacité du sommeil, urbanisation, niveau socio-économique, polygénique), l’excès de lumière nocturne reste associé à plus d’événements cardiovasculaires. Autrement dit, la lumière la nuit agit par elle-même, probablement via la désynchronisation circadienne.

Pourquoi la lumière nocturne pose problème

La lumière la nuit perturbe l’horloge biologique :

  • Tension artérielle plus élevée sur 24 h,
  • Variabilité de la fréquence cardiaque altérée,
  • Inflammation et hypercoagulabilité augmentées,
  • Métabolisme du glucose dégradé (pont avec le diabète),
  • Perturbation de la régulation autonome du rythme cardiaque.
    Ce cocktail favorise à terme athérosclérose, arythmies, insuffisance cardiaque et événements ischémiques.

Ce que tu peux faire dès ce soir

Pas besoin de vivre dans une grotte. L’idée, c’est nuit sombre, jour lumineux.

Le soir & la nuit (objectif : obscurité douce)

  • Éteindre ou baisser : plafonniers vifs, néons, lampes “blanc froid”.
  • Privilégier des lampes d’appoint chaudes (2700–3000 K), luminosité faible après 21 h.
  • Écrans : activer mode nuit/filtre bleu, baisser fortement la luminosité, et idéalement couper 60–90 min avant le coucher.
  • Chambre : rideaux occultants ou masque de nuit ; cacher LEDs (chargeurs, veilleuses), éloigner réveil lumineux.
  • Déplacements nocturnes : veilleuse au sol très faible (ambre/rouge) plutôt que plafonnier.
  • Extérieur : si lampe de jardin ou palier, choisir détecteur de mouvement orienté vers le sol.

La journée (objectif : lumière franche)

  • Lumière naturelle le matin : boire le café près d’une fenêtre ou 10–20 min dehors.
  • Bouger au soleil dès que possible (marche, courses à pied, jardinage).
  • Travailler près d’une fenêtre ; ouvrir grands rideaux/volets en journée.

Pour qui c’est le plus utile ?

  • Si tu es sujette/sujet aux réveils nocturnes, à l’hypertension, au prédiabète/diabète, ou si tu vis en milieu urbain très éclairé.
  • Si tu es une femme ou dans la partie “plus jeune” des 50–70 ans, l’effet “nuit sombre” pourrait être encore plus payant.

Limites (honnêtes)

Étude observationnelle (pas un essai randomisé), mesure de lumière sur une semaine seulement, cohorte majoritairement blanche et en meilleure santé que la moyenne. Mais la taille, la durée de suivi et les ajustements nombreux rendent le signal très crédible.

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