Il est important de déconstruire une idée reçue : contrairement à ce que l’on pense souvent, il n’est pas recommandé de moins manger en vieillissant.
Les besoins nutritionnels restent élevés pour maintenir la masse musculaire, l’énergie et la santé globale. La diminution de l’appétit n’est donc pas une adaptation naturelle mais un signal qui doit être pris en compte.
Avec l’âge, notre corps change. Les sensations de faim peuvent diminuer en raison de modifications hormonales, de ralentissements digestifs ou de la prise de certains médicaments.
Des facteurs psychologiques et sociaux entrent également en jeu : la solitude, la dépression ou le manque d’intérêt pour la cuisine influencent directement l’appétit.
Une revue systématique récente, réalisée par Anna Rudzińska et ses collègues (Nutrients, 2023), a mis en évidence que près de 11,3 % des seniors vivant à domicile souffrent de ce qu’on appelle l’anorexie du vieillissement. Ce chiffre grimpe à 20,5 % chez les personnes fragiles ou pré-fragiles.
La fragilité et la perte d’appétit : un cercle vicieux
La fragilité physique est souvent associée à une perte d’appétit. Selon l’étude de Rudzińska, les seniors fragiles ont 63 % moins de chances de préserver un bon appétit.
La perte de poids involontaire, la diminution de la force musculaire et la réduction de la mobilité sont autant de conséquences de cette baisse d’appétit, rendant les seniors plus vulnérables.
Comment agir positivement ?
1. Adopter une approche globale : La perte d’appétit est rarement liée à une seule cause. Une prise en charge multidimensionnelle est essentielle.
- Sur le plan biologique : une surveillance médicale régulière permet de détecter précocement les carences et d’adapter les traitements.
- Sur le plan psychologique : les activités sociales et les interactions favorisent l’envie de manger. Partager un repas avec des amis ou en famille stimule l’appétit.
- Sur le plan alimentaire : préparer des plats colorés, variés et savoureux réveille les papilles.
2. Favoriser l’environnement social et sensoriel : Une étude publiée dans BMC Geriatrics (2024) souligne l’importance de l’environnement alimentaire. Les repas pris dans une atmosphère chaleureuse et en compagnie ont un impact significatif sur l’appétit.
3. Manger en petites portions mais plus souvent : Lorsque l’appétit est faible, fractionner les repas et opter pour des encas nutritifs (fruits, noix, yaourts) permet d’éviter la perte de poids.
4. Stimuler les sens : Varier les textures et les saveurs, présenter les plats de manière attrayante et utiliser des épices ou des herbes aromatiques pour rehausser les goûts peut réveiller l’envie de manger.
Une perspective positive
La perte d’appétit n’est pas une fatalité. En adoptant des stratégies simples et en sollicitant un accompagnement adapté, il est possible de retrouver le plaisir de manger et de préserver sa santé.
S’informer, être à l’écoute de son corps et partager des moments conviviaux autour de la table restent des piliers essentiels pour bien vieillir.
L’important est d’agir dès les premiers signes, en douceur et avec bienveillance, pour transformer ces défis en opportunités de renforcer le lien social et le plaisir des sens.