’alimentation est au cœur de notre santé. Elle influence directement l’apparition et l’évolution des maladies, en particulier celles qui touchent les plus de 50 ans. Pourtant, peu de médecins sont suffisamment formés à la nutrition pour conseiller efficacement leurs patients. Cette lacune, confirmée par de nombreuses études, constitue aujourd’hui un enjeu de santé publique.
L’alimentation : un facteur clé pour prévenir les maladies
La mauvaise alimentation est aujourd’hui l’une des principales causes de mortalité dans le monde. Selon une étude parue dans The Lancet en 2019, 11 millions de décès par an sont attribuables à une alimentation de mauvaise qualité. Des maladies comme l’obésité, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et certains cancers sont directement liées à nos choix alimentaires.
Des programmes de recherche comme la PREDIMED Study ou la DASH Study ont montré que l’adoption d’une alimentation riche en fruits, légumes, céréales complètes et pauvre en aliments ultra-transformés permet de réduire de 8 à 17 % la mortalité toutes causes confondues.
Cependant, bien que ces recommandations soient connues, elles sont rarement appliquées en pratique clinique. Une grande partie des patients attendent des conseils nutritionnels de la part de leur médecin, mais ce dernier est souvent mal à l’aise pour répondre à ces demandes.
Une formation insuffisante des médecins
La formation en nutrition des médecins est insuffisante dans la plupart des pays.
En Europe, une enquête de l’ESPEN (European Society for Clinical Nutrition and Metabolism) a révélé que 73 % des facultés de médecine enseignent la nutrition, mais cette formation n’est obligatoire que dans 55 % des cas. Deux tiers des facultés reconnaissent que le nombre d’heures consacrées à la nutrition est trop faible.
En France, le constat est similaire. Une étude du CRÉDOC montre que 70 % des médecins pensent pouvoir jouer un rôle dans l’adoption d’une alimentation saine par leurs patients, mais 90 % d’entre eux estiment ne pas avoir reçu une formation suffisante pour cela.
Des patients en attente de conseils
Les patients font de plus en plus de liens entre leur alimentation et leur santé. Lors des consultations, les questions sur la nutrition sont fréquentes. Environ une consultation sur cinq aborde des problèmes liés à l’alimentation.
Les problèmes de poids sont les plus souvent mentionnés (80 % des demandes). Viennent ensuite les questions liées au cholestérol, aux maladies cardiovasculaires et au diabète. Les patients souhaitent obtenir des conseils précis : quels aliments éviter ou préférer, comment cuisiner de manière plus saine, ou encore quels compléments alimentaires choisir.
Cependant, la plupart des médecins se sentent mal à l’aise pour répondre à ces questions. En conséquence, les patients se tournent vers des sources parfois peu fiables, comme les réseaux sociaux ou des ouvrages non validés scientifiquement.
Le recours à des diététiciens et nutritionnistes
Face à ce manque de formation, les patients peuvent compléter l’avis de leur médecin en consultant des diététiciens ou nutritionnistes. Ces professionnels disposent d’une formation approfondie en nutrition et sont souvent mieux équipés pour accompagner les patients dans leurs choix alimentaires.
Cependant, les médecins jouent un rôle clé dans la coordination des soins. Ils sont les premiers interlocuteurs des patients et doivent pouvoir orienter ces derniers vers des spécialistes lorsque cela est nécessaire. La collaboration entre médecins et diététiciens devrait être renforcée pour assurer une prise en charge globale et efficace.