Le poisson est un aliment clé d’une alimentation saine : riche en protéines, oméga-3, vitamines et minéraux essentiels, il soutient le cœur, le cerveau et le système immunitaire. Cependant, la contamination au mercure soulève des inquiétudes.
Cette substance, naturellement présente dans l’environnement et amplifiée par la pollution industrielle, peut s’accumuler dans certains poissons et représenter un danger. Cet article fait le point sur les risques et propose des recommandations pour consommer du poisson tout en limitant votre exposition au mercure.
Qu’est-ce que le mercure et comment se retrouve-t-il dans les poissons ?
Le mercure est un métal lourd qui circule dans l’environnement via les volcans ou les activités humaines comme les industries chimiques et minières. Il se dépose dans les cours d’eau et les océans, où il est transformé en méthylmercure par des micro-organismes. Cette forme est hautement toxique et s’accumule dans les tissus des poissons et crustacés à travers la chaîne alimentaire.
Pourquoi certains poissons contiennent-ils plus de mercure ?
- Les petits poissons absorbent du méthylmercure en se nourrissant dans des eaux contaminées.
- Les grands prédateurs (requin, espadon, thon) mangent ces petits poissons et concentrent le mercure dans leurs tissus au fil des années.
Ainsi, plus un poisson est gros, vieux et haut dans la chaîne alimentaire, plus sa teneur en mercure est élevée.
Quels poissons sont concernés ?
Poissons riches en mercure
Selon les études, voici la concentration moyenne en méthylmercure dans certains poissons (en ppm, parties par million) :
- Requin : 0,979 ppm, jusqu’à 4,54 ppm.
- Espadon : 0,995 ppm, jusqu’à 3,22 ppm.
- Thon obèse : 0,689 ppm, jusqu’à 1,816 ppm.
- Maquereau royal : 0,73 ppm, jusqu’à 1,67 ppm.
Ces espèces doivent être évitées, particulièrement par les femmes enceintes ou allaitantes, et les enfants.
Poissons à faible teneur en mercure
Les poissons plus petits ou à cycle de vie court contiennent moins de mercure :
- Crevettes : 0,009 ppm.
- Saumon (frais ou en conserve) : 0,014 à 0,022 ppm.
- Sardines : 0,013 ppm.
- Maquereau espagnol : 0,088 ppm.
Ces poissons peuvent être consommés régulièrement sans risque majeur.
Quels sont les risques pour la santé ?
La consommation excessive de poissons riches en mercure peut entraîner une intoxication, avec des effets variés :
Effets neurologiques et comportementaux
- Picotements dans les mains et les pieds.
- Troubles de la mémoire et de la concentration.
- Sautes d’humeur, anxiété, dépression.
Effets sur le développement des enfants
Le méthylmercure traverse le placenta, affectant le cerveau et le système nerveux des fœtus. Une exposition pendant la grossesse peut entraîner :
- Une baisse du QI.
- Des retards de développement moteur et cognitif.
Effets sur la santé cardiovasculaire
Une exposition chronique peut aussi augmenter le risque de maladies cardiovasculaires, bien que les oméga-3 des poissons aient des effets protecteurs.
Pourquoi continuer à manger du poisson ?
Les bienfaits nutritionnels du poisson dépassent largement les risques, à condition de choisir des espèces à faible teneur en mercure. Voici ce qu’apportent 100 g de poisson riche en oméga-3 comme le saumon ou le maquereau :
- Oméga-3 (EPA et DHA) : 1 à 2 g, essentiels pour le cerveau et le cœur.
- Protéines : 20 à 25 g, de haute qualité.
- Vitamines et minéraux : vitamine D, sélénium, zinc et iode.
Une étude menée par le Harvard T.H. Chan School of Public Health souligne que la consommation de poisson diminue de 36 % le risque de décès par maladie cardiaque, même en tenant compte des faibles niveaux de mercure.
Recommandations pour une consommation responsable
1. Privilégiez les poissons à faible teneur en mercure
- Consommez régulièrement : sardines, maquereaux espagnols, harengs, crevettes, saumon, truites et coquilles Saint-Jacques.
2. Limitez les poissons à risque
- Évitez le requin, l’espadon, le maquereau royal et le thon obèse.
- Si vous aimez le thon, préférez le thon pâle en conserve (moins de mercure que le thon blanc ou le steak de thon).
3. Respectez les quantités recommandées
Pour un adulte :
- Poissons riches en mercure : pas plus d’une fois par mois.
- Poissons pauvres en mercure : jusqu’à 2 à 3 portions par semaine.
Pour les femmes enceintes :
- Évitez totalement les poissons riches en mercure.
- Mangez 2 portions hebdomadaires de poissons faibles en mercure.
4. Vérifiez les avis locaux
Si vous pêchez ou achetez localement, consultez les avis de sécurité alimentaire pour connaître les niveaux de contamination dans les eaux locales.
5. Profitez des alternatives
Les oméga-3 peuvent aussi être obtenus via :
- Compléments alimentaires (huile de poisson purifiée).
- Aliments enrichis (œufs ou lait contenant des oméga-3).
Chiffres clés à retenir
- Méthylmercure dans les poissons riches : jusqu’à 4,54 ppm.
- Méthylmercure dans les poissons faibles : entre 0,009 et 0,03 ppm.
- Bienfaits cardiaques du poisson : réduction de 36 % des décès liés aux maladies cardiovasculaires.
- Taux de mercure sûr pour les cheveux (OMS) : ne pas dépasser 1 µg/g.
Conclusion
La consommation de poisson reste bénéfique pour la santé, à condition de faire les bons choix. En privilégiant des espèces pauvres en mercure et en respectant les quantités recommandées, vous pouvez continuer à profiter des avantages nutritionnels du poisson tout en minimisant les risques.
Adoptez une alimentation variée, informez-vous sur les espèces et les zones de pêche, et consultez un professionnel de santé si vous avez des doutes. En mangeant du poisson de manière responsable, vous protégez votre santé et celle de votre famille, tout en contribuant à une prévention efficace.